Pourquoi et comment choisir sa focale pour un cliché ?

Que ce soit pour acheter un objectif, préparer son sac ou faire une photo particulière, la question du choix de l’objectif se pose très vite en photographie. En dehors des questions de budget, de poids, d’usages prévus, l’impact du choix de la focale — que l’objectif soit un zoom ou un fixe — est avant tout esthétique. Une considération à laquelle je ne réfléchis jamais assez. La preuve en image.

Voulant sortir avec peu de matériel pour faire des clichés en forêt, j’ai opté pour un 50mm et un 14mm, laissant de côté le zoom 24-240. Travailler avec des focales fixes est un bon exercice pour se forcer à trouver un meilleur cadrage en se déplaçant ne serait-ce que pour s’approcher ou s’éloigner du sujet. Grâce au jour tombant, l’absence de vent dans le vallon et à l’aide du trépied, je souhaitais faire des temps de pose longs (quelques secondes) pour souligner le contraste entre la rivière bouillonnante et la forêt figée avec l’arrivée de l’hiver.

Vue au 50mm à f/8 et pose de 5 secondes.

L’avantage du cadrage plus serré est de mettre plus d’emphase sur le mouvement de l’eau, de donner plus de détails dans les branchages, en particulier le trio de bouleaux. Le fait de ne pas dévoiler plus de l’environnement ajoute aussi une part de secret sur le cours de la rivière. L’atmosphère est plutôt intimiste.

Vue au 14mm (recadré à 18-20) à f/11 et pose de 10 secondes.

Cette vue plus large complique le cadrage, le pont s’intégrant difficilement en tant que premier plan, il faut l’utiliser comme ligne directrice, qui souligne la trajectoire de la rivière. Le lien est complété par le fait que la deuxième chute rejoint la passerelle. L’ajout de cette ligne forte permet aussi de simplifier un peu une composition assez complexe prise depuis ce point de vue surplombant la scène. L’histoire du cliché est celle d’une promenade en forêt, bien différente du premier cadrage.

Dans l’idéal, il aurait fallu se situer plus près de l’eau avec le 14 mm — impossible dans ce cas sans finir à l’eau — pour ajouter un premier plan et/ou créer un meilleur lien entre les deux chutes d’eau. Un cliché à 24mm aurait peut-être été plus facile, mais probablement moins intéressant. De la contrainte naît la créativité, d’autant que la nuit tombante laissait d emoins en moins de temps pour tester d’autres configurations. A tester à nouveau.